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Le Salon Maison et Objet 2009

Décoration et Bricolage, Design et Tendances
  • 20 février 2009

L’étreinte de la Nature, le pouvoir des couleurs et surtout l’ironie – antidotes éternels au malaise de ces temps incertains – se revendiquent comme les principaux protagonistes de la décoration en cette fin de décennie, en inondant du Salon Maison et Objet 2009, la foire parisienne qui fait autorité en matière de décoration intérieure.

Règle numéro un : divertir. Pas seulement avec des objets spécialement conçus pour rendre de bonne humeur, mais aussi avec des aménagements de stand irrévérents et des présentations insolites capables d’extorquer un sourire même au visiteur le plus distrait.

Un exemple pour tous, la collection de vêtement de bains Le Pâtissier de Jacky Letellier, confectionnée de telle sorte que les serviettes ont été roulées en boule comme des pâtes feuilletées garnies de fruits comme des petits fours, pour transformer un simple carré d’éponge en un irrésistible cadeau.

Le Patissier - Maison et Objet 2009

Une idée très simple qui frôle, sans jamais les atteindre, les limites du kitsch pour le traduire en un concept de produit captivant de gourmandise, mais aussi en un projet ambitieux, se déclinant en un système de merchandising complet, qui prévoit l’exposition des gâteaux d’éponges sur des comptoirs de glaces, des comptoirs de glaces, et leur vente par des hôtesses en uniforme de pâtissier.

Le Patissier - Maison et Objet 2009

Quand elle provient des Fratelli Boffi, l’ironie prend en revanche la forme d’un fauteuil déformé, jusqu’à en devenir un trône, et revêtu d’un velours rose pour mettre en relief son aspect caricatural mais aussi sa grande élégance, le tout présenté dans un subtil et symbolique jeu d’équilibre qui reflète la savante conception du stand, capable de maintenir un fort esprit contemporain, même s’il est constellé de citations baroques et de références nobles.

Fratelli Boffi - Maison et Objet 2009

Ironie affichée aussi sur le stand de Valeur Refuge, qui déjà depuis l’entrée nous prévient de ses propriétés ludiques, avec une fermeture éclair ouverte avec malice en guise d’accès aux pièces intérieures. Comme un grand écran de petites merveilles, l’installation est peaufinée avec soin et attention par son créateur François Bernard, qui a su combiner jeu et atmosphère dans une wunderkammer complexe, faite de petites découvertes divertissantes et de sérieuses pistes de réflexion.

Valeur Refuge - Maison et Objet 2009
Valeur Refuge - Maison et Objet 2009

Mais parmi toutes les propositions de ces exposants, il n’y a pas que l’ironie qui émerge comme ligne directrice commune de manière tangible. Une grande soif de Nature, qui serpentait déjà depuis plusieurs éditions à travers les couloirs de Villepinte sans trouver le courage de devenir une mode répandue, fait irruption sur tout le salon avec une alternance d’idées tendres et sauvages provenant surtout du monde animal.

Des trophées de chasse, de Frédérique Morrel, en polyuréthane recouvert d’un patchwork imprévisible d’une tapisserie vintage, aux délicats personnages orientaux dessinés par Rumiko Takeda et Stefano Giovannoni et traduit par Alessi en de minuscules objets pour la table et la maison, sans oublier les portraits d’animaux que Ibride associe à des bustes de grands chevaliers et de dames du XVIIème siècle pour les imprimer sur des plateaux en tôle façonnée.

Maison et Objet 2009

Maison et Objet 2009

Maison et Objet 2009

Maison et Objet 2009

Prévisible mais significative, et assurément efficace, la dernière tendance tape-à-l’oeil qui émerge aussi du salon Maison et Objet : une explosion de couleurs saturées et une envie de les combinées sans préjugés, qui surprend par son expansion dans tous les pavillons de la foire.

La volonté d’oser les couleurs primaires et les teintes semifluorescentes, et d’expérimenter des combinaisons dangereuses a été étrangement adoptée à l’unanimité par les éditeurs de tissus et les fabricants de vaisselle, les entreprises de luminaires ou encore les les grands noms de l’ameublement.

Elle est même devenue un protagoniste d’une des trois expositions de la foire, Colorpatch, conçue par Elisabeth LeRiche, qui dans une suite de pièces neutres, a voulu célébrer la liberté des couleurs des limites du goût dominant en rappelant l’existence de tout le spectre chromatique avec des arcs-en-ciel de laques, de laminés, de fibres et d’encres.

Colorpatch - Maison et Objet 2009

Couleur, comme d’habitude, même chez une avant-gardiste de cette tendance, comme Agatha Ruiz de la Prada qui depuis toujours est synonyme d’audace sans compromis dans l’utilisation des couleurs fortes, mais aussi dans les propositions des entreprises traditionnellement plus prudentes come Moissonier , qui continue toujours plus convaincu son actualisation colorée de l’art antique du laquage, commencé il y a quelques collections et devenue maintenant le signe distinctif très contrefait de la maison dans le panorama des producteurs de réédition de mobiliers anciens.

Agatha Ruiz De La Prada - Maison et Objet 2009

Moissonnier - Maison et Objet 2009

La visite du Salon Maison et Objet est toujours l’occasion pour réfléchir sur l’orientation de la créativité et sur son rôle dans notre vie quotidienne, et cette fois, sortir de cette édition à peine terminée est un peu comme terminer la lecture d’un épais manuel et comme si on devrait réagir au peu de vivacité de nos temps modernes, en retrouvant derrière nous tout l’esprit et la soif de nouveauté dont l’homme n’est heureusement jamais rassasié.

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